Véronique Joffre
a r c h i t e c t u r e
Biennale d'architecture de Venise - Pavillon français Contribution / Exposition et publications Nouvelles du Front - Nouvelles richesses
Maison médicale, logements et aménagement urbain - Caussade
Images @ Frédérique Félix-Faure, Texte Véronique Joffre
Ce que nous apprend l'architecture
« C’est ce que je fais qui m’enseigne ce que je cherche » Pierre Soulages
Le métier d’architecte nécessite aujourd’hui plus que jamais à la fois une acuité à lire, interpréter chaque situation et programme et à la fois une force de proposition associée à une forme de résistance dans un contexte aux valeurs souvent imposées. L’évolution permanente de la société appelle des adaptations basées sur la connaissance des contextes, des enjeux et la construction de nouvelles idées. L’enseignement de l’architecture a besoin de toutes les adaptations utiles à la formation des nouvelles générations d’architectes critiques, indépendants et inventifs qui créeront notre environnement à venir. C’est d’abord dans les écoles d’architecture que se fonde une compétence de l’homme à imaginer son cadre de vie qui, dans un acte prospectif, est réalisé aujourd’hui pour demain.
Le projet d’architecture est un acte d’interprétation fait de choix qui nécessite une indispensable implication. L’architecture est au départ une activité intellectuelle. Elle évalue des données, des demandes, met en place les conditions de recherche, construit des repères, pour accompagner la mise en place d’une idée qui prendra plus tard la réalité d’une architecture. Pour qu’il y ait une idée, il faut qu’il y ait une nécessité. Comment comprendre, évaluer, se saisir, d’une nécessité multiple et complexe, comment mettre en place les moyens d’approcher l’idée en architecture ?Le projet d’architecture est un mode opératoire particulier, capable d’inventer sa propre logique à l’intérieur d’un processus d’expérimentation. La recherche prend la forme d’un cheminement, d’un parcours. Au-delà de cumuler l’expérience, la connaissance, la méthode, le développement d’un projet consiste à questionner le processus à l’œuvre dans ce qui est essentiel. C’est cette même démarche qui permet à l’architecte d’acquérir une pensée critique indépendante. Je pense que l’enjeu de ce
processus opératoire est d’installer des problématiques, des questionnements, capables de provoquer des situations de confrontation, d’instabilités dans la matière du projet.Dans ce jeu complexe d’interférences et de croisements, les connaissances se construisent à partir de savoirs individuels autant que collectifs. Cette attitude est un engagement : le projet est ainsi considéré, non seulement comme un savoir et une pratique, mais surtout comme un mode d’exploration particulier et ouvert de la création architecturale.
L’architecte se met alors en situation d’explorer tous les possibles issus de ce questionnement : s’en tenir à l’essentiel en recherchant le minimum nécessaire dans toutes les étapes de la conception, et pour atteindre l’essentiel accepter de prendre le temps. L’attitude indispensable est la curiosité. La disponibilité et l’intérêt conduit à dépasser le cadre des attendus, à déplacer son point de vue, inventer de nouvelles méthodes, tisser des liens entre les sujets et aussi d’être sensible au hasard quand il est générateur de solutions, tout cela pour inventer des solutions inédites.